A la recherche d’une école d’art ?

A la recherche d’une école d’art ?
Prépa artistique
  • La Renverse est une formation gratuite installée à Saint-Ouen, portée par les Ateliers Médicis et l’École des Arts Décoratifs de Paris.
  • Nous avons rencontré Leïla, Sira, Louis-Maël, qui viennent de terminer leur cursus.
  • Si vous avez entre 18 et 25 ans et habitez la Seine-Saint-Denis vous avez jusqu’au 21 juin pour candidater.

Leïla, 23 ans, Clichy-sous-Bois

Pourquoi avoir choisi la Renverse ?

« J’ai fait un CAP couture en deux ans à l’IFM en alternance. J’étais chez Chanel, au 31 rue Cambon, en retouche. Ce que je faisais était très technique. Je suis venue à la Renverse à la recherche de plus de créativité. Je voulais progresser dans l’art et le design. Ici on nous laisse libre champ dans ce qu’on veut faire. On a beaucoup de liberté. »

Une tenue inspirée par l’escrime

« On a travaillé à trois sur ce projet. Cela nous a pris entre trois et quatre semaines. On trouvait que l’escrimeur avec son masque ressemblait un peu à un apiculteur. On a créé une espèce de chapeau comme une ruche en réutilisant des matériaux qu’on a tressé et cousu. C’est un peu la Reine des abeilles qui protège sa ruche avec son alvéole au milieu.  Je me suis occupée de la partie patronage. C’est ma professeure de couture, Isabelle, qui est prof à l’Ensad qui m’a aidé à créer de nouveaux volumes car en CAP on travaille à plat. Là j’ai travaillé sur un mannequin, j’ai appris de nouvelles techniques.

Bientôt à l’opéra Bastille

« Je commence le 10 juin pour un mois à Bastille, à l’atelier des costumes. J’ai vraiment hâte, c’est hyper créatif. Ils font de belles choses. Ça va être chouette. J’ai envie de découvrir le plus de métiers possibles, d’autres maisons car elles ont chacune leur savoir-faire. J’aimerai évoluer de métiers. »

 

Louis-Maël, 20 ans, Aulnay-Sous-Bois

Passionné par la mode

Après avoir entendu parler de la Renverse, il postule sans vraiment savoir à quoi s’attendre.

« C’était flou au départ, mais en fait quand tu viens ici tu peux te chercher en même temps ». Louis-Maël participait déjà l’année dernière au 93lab dans sa ville, un programme qui initie au design de mode par des workshops tous les samedi après-midi. « J’ai toujours voulu faire de la mode » affirme-t-il. Mais cette volonté n’avait pas directement abouti. « Quand j’étais au lycée, je n’ai pas eu le temps de m’insérer dans la création. Après j’ai essayé d’étudier la mode à travers mes études de communication mais ça m’a vite dégoûté ».

La bonne formule pour apprendre

Louis-Maël décrit le cursus comme « une classe préparatoire alternative, plus individualisée et diversifiée ». Il se sent globalement « plus libre dans la manière de faire » même si « il faut garder en tête que c’est scolaire. Il y a des rendus, des oraux, et il faut les faire ». Les semaines sont rythmées par les projets individuels et collectifs des jeunes, comme celui qu’il nous présente. « La thématique n’est pas choisie par nous mais par les intervenants ». Ici en lien avec les Jeux Olympiques, le thème Mode et Sport s’illustre dans les tenues confectionnées par les jeunes.

Le skate au cœur de sa tenue

Co-développeur, Louis-Maël a cousu une tenue qui représente le skate. Intitulée de la terre à la mer vers les airs, un body est rattaché à une veste large, alliant mobilité et protection. Le projet est appuyé par Sophie Hallier, créatrice de la marque sportive L’Armure Française. Elle les accompagne dans leurs projets notamment par le don de plusieurs pièces issues de sa collection. « Venir ici m’a donné beaucoup d’opportunités ». Pour l’année prochaine, il a candidaté pour un master en design de mode écoresponsable.

 

Sira, 20 ans, La Courneuve

Cette école artistique m’a beaucoup plu

« J’étais en recherche d’une école d’art. Je ne voulais pas rester sans rien faire. La Mission locale m’a proposé cette école « un peu cachée » sur Internet. J’ai voulu la tester et ça m’a beaucoup plu. J’ai vu beaucoup de choses. J’étais plus là pour la mode. Toucher à plusieurs choses était franchement enrichissant. »

Après l’hôpital et le Mac Do…

« Avant j’avais fait une formation d’aide soignante. Mais mon stage à l’hôpital où j’étais en contact avec la mort, la maladie, tous les jours m’a choqué. Je me suis dit que je ne pouvais pas faire ça toute ma vie. J’ai travaillé un an au Mac Do à Bobigny. »

Upcycling de brique

« J’ai pris un tee-shirt que je ne portais plus. J’ai utilisé de la brique parce que j’aime bien la couleur : le orange, le rouge, la matière aussi. Et après j’ai utilisé de la gouache j’ai fait de la peinture avec. J’ai pris un pinceau. Je voulais reproduire la brique mais sur le tissu. La matière est un peu dure mais j’aime bien le rendu ».

 

Octobre, 18 ans, Romainville

Une installation sur les violences policières.

« Pour « Monsieur le policier, dans une ruelle mal éclairée », je me suis inspirée de l’histoire de Eddy, le jeune marseillais qui s’est fait agresser dans une ruelle mal éclairée il y a un an. Mon but était de l’installer dans une ruelle en face de chez moi à Romainville. Il y a énormément de petites ruelles fines, toutes petites ».

Faire le lien entre Eddy et Romainville

« J’ai aussi décidé de connecter les violences policières du passé et celles du présent. J’ai fait une enquête et vraiment, c’était super. J’ai découvert qu’à 3 minutes de chez moi, il y a un lieu qui s’appelle le fort de Noisy où habitait une brigade de la FPA (pour Force de police auxiliaire). Aactuellement, c’est le lieu de casernement de la DGSE. Ce n’étaient ni des militaires, ni des policiers. Ils s’occupaient des personnes qui étaient contre la France pendant la guerre d’Algérie. Ils avaient leurs propres règles. Ce sont eux les responsables d’avoir balancé les Algériens dans la Seine pendant cette manif en octobre 1961. »

« Je rêve d’être prise en école d’art »

« Je prie qu’on m’accepte dans une école d’art, voilà c’est tout. J’ai postulé à la Villa d’Arson, aux Beaux-Arts de Toulouse, de Saint-Étienne et de Rennes. J’ai été refusé aux Beaux-Arts de Paris, à Cergy, aux Arts Déco. D’ailleurs, nous sommes quinze élèves à la Renverse et bien que la formation soit portée par l’Ensad, seule une élève a été prise aux Arts Déco. »

 

 

Ismaïl, 20 ans, Gagny.

Toucher à tout pour être sûr de ne rien louper

« Avant d’arriver à La Renverse, je ne savais pas exactement dans quel domaine de l’art je voulais me spécialiser. Je fais de l’audiovisuel et j’aime le cinéma, mais je voulais voir plus, toucher à d’autres pratiques. » Après l’école de cinéma Kourtrajmé (ndr : Fondée par Ladj Ly à Montfermeil, le réalisateur du film césarisé « Les Misérables ») où il suit une « formation accélérée dans le cinéma » un camarade lui recommande La Renverse.

Mobiliser toutes ses compétences à la Renverse

Ismaïl s’essaye alors à d’autres techniques artistiques. Lors du projet mode, il se reconnaît moins dans la couture. Pour participer, il va alors faire « le visuel et la com’ » de la tenue. Ses photos, ses vidéos, montées avec maîtrise mettent en scène et en valeur la tenue et donnent du sens aux choix vestimentaires des jeunes designers.

Trouver sa voie ?

Ismaïl ressort de la Renverse avec un projet d’orientation renforcé. « Ça m’a permis de me rendre compte que je voulais faire que du cinéma », conclut-t-il. « Maintenant on attend tous nos résultats d’acceptation […] j’ai demandé des BTS en audiovisuel ».

 

Pour candidater

larenverse@ateliersmédicis.fr ou 06 22 61 73 41.

Crédits photos : Osée Saint-Jacques pour les portraits et Ecole des Arts Décoratifs/Béryl Libault pour la photo de Une.

Interviews Victor Cayeux et Isabelle Lopez

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